Coup de projecteur sur Séverine Bonnie : "Je suis à l’écoute des « trends » tout en gardant ce qui fait notre identité et sans dévoyer notre image".

Féret part à la rencontre de Séverine Bonnie, directrice marketing, communication et hospitality du Château Malartic-Lagravière.

4 novembre 2024
10
 min de lecture

Séverine Bonnie, directrice marketing, communication et hospitality du Château Malartic-Lagravière, qui évolua quelque temps dans le monde de la presse, revient pour nous sur la nécessaire prise en compte des tendances émergentes et nouvelles demandes de consommation, nous parle encore de son amour du podcast, sa grande source d’inspiration.  

Quel est votre rôle au sein du Château Malartic-Lagravière ?

Je m’occupe du marketing, de la communication, du réceptif et au-delà de ça de l’image, de la notoriété de la marque. J’ai également la charge du rédactionnel de l’ensemble des publications, du web jusqu’aux communiqués de presse. Une activité qui me permet de maintenir une sorte de ligne éditoriale. L’œnotourisme fait partie d’une prérogative plus récente. En 2017,  j’ai souhaité mieux structurer l’accueil pour les professionnels et le grand public en bâtissant une véritable offre œnotouristique.

Séverine Bonnie - Directrice marketing et communication

Quel adage vous suit depuis toujours ?

Mon père m’a longtemps dit qu’il fallait toujours avoir un projet sous le coude – de petite ou grande envergure - au risque sinon de s’endormir ! Ce projet reste bien entendu limité à la taille de notre entité, nous ne sommes pas l’Oréal (rire). Ces projets sont souvent une émanation des énergies et des forces internes. Je recherche ce stimuli en interne auprès des collègues et salariés ou encore à l’extérieur lors de mes nombreux rendez-vous et voyages. La presse, les lectures tous azimuts, le monde du luxe et l’art restent pour moi une source inépuisable d’idées et d’inspirations.  

D’où vient cette impression de dynamisme qui vous colle à la peau ?

Il y a quelque temps nous étions à Vérone au Great Wines Capitals Annual Conference où on nous a effectivement renvoyé cette image. On ne s’en rend pas forcément compte dans la mesure où il s’agit de la somme de ce que nous faisons tous au sein de Malartic-Lagravière.  

À travers vos différents projets, on ressent une volonté de rebattre les cartes ?

Il faut savoir rester ouvert, sentir l’air du temps et aller chercher des idées ailleurs. Je suis à l’écoute des «trends» tout en gardant ce qui fait notre identité et sans dévoyer notre image. Notre enjeu c’est d’élargir l’audience et d’aller chercher de nouveaux consommateurs sans pour autant suivre les modes.

Comment décririez-vous Château Malartic-Lagravière ?

C’est une entreprise viticole familiale ! Voilà une chose que j’aime mettre en avant et qui nous définit assez bien. J’ajouterais qu’il s’agit d’une propriété à dimension agricole voire paysanne, avec nos animaux de la ferme de Malartic pour entretenir une biodiversité tout à fait préservée, qui se situe à quelques encâblures de Bordeaux. Il me semble très important de revendiquer un enracinement local et ancestral tout en mettant en avant une dynamique parfaitement ancrée dans le présent et ouverte aux tendances internationales… mais pas à outrance.  

Quel style ont vos vins ?

Ils ont une patine très Pessac-Léognan dans leur élégance et équilibre. La patte et la trame des Malartic-Lagravière rouges se font ressentir à travers un toucher tannique très fin, très velours, une grande pureté de fruit, et avec l’âge, des expressions de moka et de chocolat se mêlent aux touches épicées. Je dirais de nos blancs qu’ils ont une grande finesse et complexité. Ciselés et élancés, ils possèdent au-delà de leur grande envergure aromatique, un vrai charme qui les rend uniques !

De quoi souffre Bordeaux ?

Je crois qu’il faut réaliser que nous ne sommes pas les seuls à souffrir de Napa à la Bourgogne, en passant par Valpolicella où je me trouvais il y a peu. J’ajoute concernant Bordeaux, qu’on aime encore un peu taper sur les leaders. D’ailleurs les sommeliers que je rencontre un peu partout en France et dans le monde me disent qu’à l’aveugle nous mettons souvent tout le monde d’accord. Nous avons certes un problème d’image mais la qualité est largement au rendez-vous. C’est à nous d’aller au-devant des consommateurs, de casser les codes, d’apporter une touche de modernité à nos vins de façon peut-être plus décomplexée. Nous devons tenir compte des changements d’habitudes, de mentalités. Il faut comprendre qu’on puisse ne pas vouloir boire du vin tous les jours, qu’il y ait un désir de sobriété. Mais le vin doit pouvoir rester un vrai plaisir, avec une vraie convivialité ! Nous recevons à déjeuner beaucoup de visiteurs au Château et nous proposons des menus tapas qui plaisent beaucoup ou des déjeuners plus classiques mais toujours avec des options végétariennes. Il me semble que Bordeaux doit se faire à l’idée que nous sommes nombreux à avoir fait évoluer nos modes de consommation des repas, et à souhaiter par exemple plus de végétal... La consommation du vin doit impérativement coller à ces nouvelles tendances. On ne peut pas lutter contre, il faut l’entendre, et travailler notre offre en conséquence.  

Quel type de vins voulez-vous faire à l’avenir ?

Le millésime 2024 avec ses degrés moindres et sa fraîcheur répond clairement à une demande et représente à ce titre une véritable aubaine. Peut-être que ces millésimes, alliant fraîcheur, finesse et maturité de fruit vont devenir le nouveau référent ? C’est en tout cas ce type de profils que nous recherchons à Malartic depuis quelques années, en travaillant sur des fruits plus croquants et plus frais, avec une grande profondeur. Ce qui correspond également à ce que je recherche à titre personnel lorsque je déguste un vin.  

Vous disiez vous nourrir de lectures diverses et variées, qu’avez-vous à nous recommander ?

Je lis en ce moment un livre inspirant sur les femmes philosophes Moi aussi je pense donc je suis d’Élodie Pinel, et un autre sur les Femmes d’État d’Anne Fulda, de Cléopâtre à Angela Merkel ! J’écoute pas mal de podcasts comme Le Podcast de Pauline Laigneau, How to fail d’Elizabeth Day ou encore l’impeccable Business Wars mais aussi dans le monde du vin, 20Divin de Philippe Hermet dans lequel j’ai eu la chance d’intervenir ou encore le passionnant Areni Global de Pauline Vicard.  

Partager cet article

La campagne 2023 fut intense et soutenue, dans la mesure où les sorties plus précoces se sont effectuées à un rythme très rapproché chez bon nombre de têtes d'affiche et autres « stars », suscitant un peu d'excitation. Cette campagne des primeurs a été plus ramassée et dense que 2022 qui s'étira quant à elle sur deux mois. Comme rappelé par M. Bernard, du groupe Millésima, le contexte économique particulier d'inflation et de ralentissement économique « génère une incertitude qui incite inéluctablement les consommateurs et les investisseurs à être plus prudents ». Sous entendant que les prix seront globalement revus à la baisse, aux vues du niveau des stocks chez les importateurs, les distributeurs et les cavistes ou encore de la baisse des ventes sur les principaux marchés exports. Ce qui, au regard de la qualité et du volume du millésime, devrait susciter un regain d'attractivité et redonner le sourire aux consommateurs et aux producteurs.

Présentation de nos dégustateurs lors des primeurs 2023