Qui êtes-vous ?
Je suis bordelaise d'origine. J'ai exercé au départ des responsabilités dans le domaine de la communication et du développement commercial en France et à l'étranger essentiellement dans l'agro-alimentaire.
Puis à l'âge de trente ans, je suis arrivée dans le vin par amour de ce produit. J'ai toujours été passionnée par le vin. À 20 ans, je prenais des cours de dégustation en parallèle de mes études de commerce.
J'ai fait d'un loisir personnel le fil rouge de ma vie professionnelle. Le vin est le secteur dans lequel j'évolue depuis plus de 20 ans.

De l'agro-alimentaire à la RSE...
J'ai acquis une expérience très globale, de la production à la commercialisation et à la communication en passant par la dégustation professionnelle. De cette expérience transverse, j'ai acquis la conviction, il y a une dizaine d'années, que la filière allait affronter des enjeux aussi bien environnementaux qu'économiques ou sociétaux.
J'étais persuadée que la RSE serait la grille de lecture qui permettrait aux entreprises viticoles d'appréhender ces enjeux. Je me suis donc spécialisée en RSE et en développement durable, comme consultante indépendante et également évaluatrice ISO 26000 pour l'AFNOR.
En 2022, les Vignobles de Larose m'ont proposé de prendre la direction d'un pôle RSE et QHSE, élargi à la communication car se pose également la question de la création de valeur autour de nos engagements.
Parlez-nous des Vignobles de Larose
Ce sont quatre propriétés, quatre crus bourgeois du Médoc appartenant au groupe d'assurance Allianz : Château Larose-Trintaudon, Château Larose Perganson, Château Arnauld et Château Tour de Pez. Pesant 260 hectares, les Vignobles de Larose sont un acteur historique du Médoc.
Ils sont pionniers de l'innovation et de l'engagement responsable dans la filière vin : 1er vignoble français à obtenir la double certification ISO 9001 & 14001 en 2003 et 1er vignoble européen, 1re entreprise d'Aquitaine à obtenir le Label Engagé RSE de l'AFNOR en 2008.
Comment se réinventer lorsque l'on est à Bordeaux ?
J'ai le sentiment que Bordeaux passe son temps à se réinventer. C'est un vignoble en mouvement permanent. Nous disposons d'un écosystème très riche et stimulant avec beaucoup d'expertise dans tous les domaines : éducation, cluster d'innovation, interprofession, syndicats, distributeurs, fournisseurs, vignerons.
Nous nous réinventons sans arrêt. Nous avons encore beaucoup d'enjeux à affronter mais nous disposons de nombreux atouts pour cela. Il me semble que nous avons notamment des marges de progression en termes de communication et de marketing du vin : travailler l'image du vin auprès des jeunes consommateurs ; travailler la question des formats ; rendre nos vins désirables ; conquérir les lieux de consommation festifs, sportifs ou encore les festivals.
Est-ce que votre groupe répond aux enjeux sociaux et RH ?
Entre autres bonnes pratiques, les Vignobles de Larose ont été les premiers à mettre en place des activités physiques adaptées dès 2015 ! Nous avons établi un partenariat avec une société nommée Opti'Mouv, fondée par Romain Balaguier. En 2013, Romain, encore étudiant, a soutenu son mémoire de Master STAPS sur le sujet de la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS) grâce à de l'activité physique adaptée.
Nous avons servi de cobaye. Nous disposons désormais d'une salle dédiée à la pratique sportive pour des sessions encadrées par un coach d'Opti'Mouv ! Outre la réduction des TMS, ce partenariat est aussi un outil de cohésion formidable.
Parlez-moi du millésime 2023 ?
C'est une saison viticole où nous avons connu une saison estivale chaude et longue de plus de 4 mois et des précipitations régulières malgré un léger déficit. On retrouve la fraîcheur aromatique de 2019 et la générosité de la nature de 2015 ou 2016.
Nos vins possèdent des profils en phase avec les attentes des consommateurs avec beaucoup de fraicheur, du fruit et des degrés alcooliques maîtrisés. Nous sommes très heureux de ce que nous avons présenté pour les primeurs !
Avez-vous une actualité dont vous aimeriez nous parler ?
2024 est une grande première. En parallèle de notre objectif de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, nous recherchions depuis 2021 une solution pour mesurer et optimiser notre séquestration de carbone. Grâce au cluster d'innovation Inno'vin, nous avons identifié NetCarbon, une start-up soutenue par l'Agence spatiale européenne et multi lauréate du prix Challenge startups d'AIRBUS, du concours Copernicus Masters (pour la version française portée par le CNES) et du concours Planet (startup d'observation de la Terre aux États-Unis).
Grâce à la solution proposée par NetCarbon, nous sommes pour la première fois en capacité de calculer notre captation du carbone. En lien avec les pratiques agro-écologiques mises en place sur nos vignobles, nous pouvons constater une augmentation de la séquestration carbone de 5 % par an depuis 2019. Cet outil nous permet également de faire des simulations et de construire ainsi de manière pertinente notre trajectoire carbone.
Si vous étiez un vin ?
Je dirais Larose-Trintaudon. Au-delà de l'excellente qualité et de son étiquette rouge très reconnaissable, c'est une marque qui dispose d'un gros capital sympathie. Je suis touchée par les histoires que racontent les clients qui viennent nous visiter et goûter nos vins. C'est un vin avec une cote d'amour impressionnante et particulière. Nous faisons aussi du vin pour être aimé. (Rires.)