Éditorial
Wine Paris : bientôt victime de son gigantisme ?
Wine Paris a succédé à Millésime Bio et peut à juste titre se targuer de lui avoir damer le pion en termes de fréquentation et d’échos. Wine Paris a été une fête, pleine de faste, aux travées bruissantes et bruyantes, affirmant ainsi son statut de premier rendez-vous mondial des vins et spiritueux, après trois jours d’une affluence record de 52 622 visiteurs. L’édition 2025 a enregistré une hausse de 80 % de la surface dédiée à l’international par rapport à 2024 avec trois halls entiers réservés. Avec 54 pays exposants, 116 pavillons internationaux (dont 8 nouveaux participants) et 45 % de ses visiteurs venant de 154 pays, Wine Paris 2025 a confirmé son rôle de sommet du commerce mondial du vin et des spiritueux. L’engagement de Vinexposium en faveur du développement commercial s'est également reflété dans l'augmentation de 35 % de la participation des principaux acheteurs des marchés clés. Par ailleurs, la participation française a enregistré une hausse de 7 %, avec une représentation de l’ensemble des régions viticoles françaises et la participation de vignerons indépendants, de coopératives, de maisons de négoce et de grandes marques. N’en jetez plus ! Désormais, l’injonction est forte à être présent porte de Versailles même si cela a un coût (plus de 3000 euros, les 6 m2 !) ! Comme pour Vinexpo mais sans établir pour autant d’analogies intempestives, on émettra un bémol, à l’aune d’une impression toute personnelle : le gigantisme de l’événement. Si, en effet le vin fut à la fête, qu’en fut-il du vigneron, de la figure du faiseur ? Une démesure, un clinquant qui révéla a contrario la relative sobriété (certainement un enjeu futur pour Wine Paris) d’un Millésime Bio, salon à taille humaine rempli de seuls vigneronnes et vignerons. Comparaison n’est pas raison ici puisque la 32e édition de Millésime Bio, plus grand salon du monde de vins, bières et spiritueux bio, a attiré en trois jours 10 000 visiteurs – soit cinq fois moins que Wine Paris - sur les 1 500 stands de vignerons ou de distillateurs venus de 16 pays. On peut espérer que ces deux salons nécessaires trouvent leur place à intervalle plus large et dans des registres distincts et peut-être pour des usages différents.
Wine Paris fut le théâtre de quelques annonces concernant notre vignoble dont la présentation du nouveau classement des Crus Bourgeois. Yves Raymond, qui inaugure notre nouvelle « Carte blanche », revient sur l’histoire de ce classement médocain. S’il regrette sa forme actuelle et son rétrécissement avec seulement 189 postulants, il notera à l’unisson avec la Revue des Vins de France (1) que ce nouveau classement abrite et valorise quelques vraies pépites, et constituera pour certains un réel et nécessaire balisage.
La crise reste bien entendu au cœur des sujets abordés par Édouard Vauthier du Château Ausone, qui aborde dans le « Coup de Projecteur », la place des Primeurs et le rôle des négociants. Cécile Cazeaux et Frédéric Mignot, œnologues consultants, reviennent quant à eux, dans « Paroles d'Acteurs », sur le besoin de retrouver de la rationalité pour rassurer consommateurs et revendeurs.
Inno’vin, notre partenaire, nous invite à travers des exposés scientifiques, des retours d’expériences à questionner l’efficacité du biocontrôle ! Le reportage de l’Agence Fleurie démontre, s’il le fallait, que le Sauternais est peut-être l’Eldorado de demain. Clémence et Luc Planty du Château de Malle ne nous démentiront pas.
Bonne lecture à toutes et à tous !
Fidèlement vôtre.
Henry Clemens, directeur de publication
(1) RVF N°688 - Mars 2025